Mimet...

Quand il est question de livres...

J'adore l'auteur italien Primo Levi, alors j'avais envie, vu que je l'ai fait récemment sur un forum, de parler un peu de ce bouquin-là... Que j'ai dû lire trois quatre fois...

Pour en parler, il faudrait pas un seul message, mais un site tout entier, alors je ne détaille pas trop... Juste noter cette phrase qui est sans doute la plus connue de lui : Le seul fait qu'un Auschwitz ait pu exister devrait interdire à quiconque, de nos jours, de prononcer le mot de Providence (in Se questo è un uomo/Si c'est un homme).

Ce livre est bourré de tout un tas de petites nouvelles et de diverses réflexions, introduit par une petite présentation : Je prie le lecteur de ne pas aller en quête de messages. C'est un mot que je déteste, parce qu'il me laisse perplexe, qu'il met sur moi des vêtements qui ne sont pas les miens, et qui appatiennent même à un type humain dont je me méfie : le prophète, le vates, le voyant....

Je n'ai pas le bouquin avec moi, alors, quelques résumés, de mémoire :

- Une nouvelle sur un jeune fabricant de miroirs, qui fabrique plein de miroirs originaux, et surtout des Mimet (miroirs métaphysiques) qui permettent, si tu les épingles sur le front de tes proches, de savoir comment ils te voient, mais qui se vendent très mal parce que les gens ne sont jamais contents de l'image.

- Un autre récit est celui d'une mutation qui se répand de par le monde : les humains se voient pousser des ailes... On a des heureux comme des traumatisés par ces changements... Tout simple à comprendre, en matière de rudiments de psychologie.

- Un amour d'enfance déçu...

- Un adolescent profondément patriote, pour ne pas dire nationaliste, vivant dans un pays fictif, rival de toujours d'un autre tout aussi fictif, ayant grandi dans la fierté nationale, et ses émotions face aux pourparlers de paix qu'envisagent les gouvernements... Emotions pour le moins violentes.

- Une lettre à l'auteur Horace où il décrit comme le monde a changé depuis deux mille ans.

- A propos d'une traduction du Procès de Kafka, et une comparaison entre le caractère de cet auteur et le sien, très différents... Il pale beaucoup de Josef K., et de la phrase "et ce fut comme si la honte devait lui survivre", phrase concluant le procès. Phrase infiniment commentée. Josef K., ce que Primo Levi est on ne peut plus en mesure de comprendre, à "tout simplement honte d'être un homme".

- La dernière enfin, "Couver le cobra", sur les dangers de la recherche : brodée à partir d'un commentaire sur la parole d'un savant anglais dont le nom ne me revient pas, "Stop science now", prononcée au début des années 80, suite au traumatisme scientifique de la seconde guerre mondiale... On en arrivait à la conclusion qu'il fallait se soucier de l'intérêt moral et utilitaire de la recherche avant l'intérêt intellectuel. Belle exhortation.

J'adore ce livre, tout comme Lilith ou Le système périodique qui sont deux autres de mes bouquins chouchous. On touche à tout, réel, irréel, c'est raconté d'une façon si claire et avec tellement de simplicité (dans les deux sens du mot, ni difficulté ni vanité)... On ne peut pas s'ennuyer en lisant ça...