T'es quasiment pas un homme si t'as pas de terre.

Vous vous souvenez de celui qui dit ça ? C'est le héros un peu bêbête de la comédie O'Brother, Delmar O'Donnell, en réponse à Ulysse Everett McGill, le beau parleur qui se rêve philosophe.

" - J'irai vers l'ouest, quelque part. J'ouvrirai un grand restaurant. C'est moi qui ferai le maître d'hôtel. J'accueillerai les célébrités... J'irai bosser en smoking et noeud pap'... tous les soirs. (Pete)
- Et toi, Delmar ? Qu'est-ce que tu vas faire de tout cet argent ? (Everett)
- J'irai voir ces salopards, d'usuriers et de prêteurs sur gages, je leur balancerai le pognon sur la table et je récupèrerai la ferme de mon grand-père. T'es quasiment pas un homme si t'as pas de terre. (Delmar) "

Décor, 1937, Mississippi, Grande Dépression. Les mentalités n'ont pas changé depuis, en modernisant un peu. T'es quasiment pas un homme si t'es à la rue. T'es quasiment pas un homme si t'as pas de fric. T'es quasiment pas un homme si tu diriges pas. Je crains les résultats des présidentielles, qui vont tomber dans une heure. La France va-t-elle devenir, en 5 ans, un miroir des USA et de leurs inégalités sociales ?

Dans O'Brother, les hommes ont des désirs simples. Everett veut retrouver sa famille, Pete veut un restaurant, Delmar veut être fermier. Il ne faudrait pas grand-chose de la part des riches pour réaliser de tels rêves. De même dans la réalité. Il ne faudrait déjà pas grand chose de la part des deux cents familles les plus riches pour remédier aux problèmes des PED.

Ca paraît si simple de se dire qu'il ne faut pas lutter sans cesse pour la croissance, mais pour simplement trouver un équilibre économique international, où chacun pourrait trouver son compte. Mais visiblement, il doit y avoir une complication.

En ce temps d'élections, je ne me priverai pas de la sourde moquerie de O'Brother. Le film se déroule en pleines élections : deux rivaux, Pappy O'Daniell, le candidat sortant, conversateur, pour l'intégration, et Homer Stokes, l'opposition, "au service" des petites gens. Pour parler comme au tennis, au début : "Avantage : Homer Stokes". Très large même, mais il commet l'erreur, juste avant les votes, de se dresser contre une idole populaire. On ne vote plus pour des idées, mais pour des idoles.

Ca va faire mal.

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[Waterlily]

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